L’évolution des prix dans le retrogaming : chronique d’un délire mercantile

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Ah, le bon vieux temps. Celui où l’on trouvait des cartouches NES à 5 balles sur une brocante poussiéreuse entre une raquette sans cordes et une poupée décapitée. Où un Castlevania complet ne coûtait pas plus cher qu’un menu Big Mac. Mais ce temps est révolu. Enterré. Souillé même. Aujourd’hui, le retrogaming est devenu un terrain de chasse pour investisseurs en manque de sensations, pour spéculateurs à la petite semaine, pour trentenaires frustrés qui veulent racheter leur enfance… mais à crédit.

De la nostalgie sincère à l’obsession morbide

Au départ, le retrogaming, c’était un refuge. Une madeleine de Proust pixelisée, un trip régressif et doux‑amer dans des mondes où tout semblait plus simple. Le “ploc” d’un Game & Watch, le “cling” d’un checkpoint dans Sonic, les couleurs criardes d’un jeu Atari 2600. Une époque où les boîtes étaient faites pour être jetées, et non plastifiées à 70 euros pièce.

Mais cette passion s’est transformée. Lentement. Insidieusement. On a vu surgir les “experts”, les “puristes”, les “états mint”, les “notés VGA”, les ventes aux enchères hallucinantes. Le jour où une cartouche de Super Mario 64 scellée s’est vendue plus de 1,5 million de dollars, un cap a été franchi. Le jeu vidéo rétro est devenu une bourse, avec ses bulles, ses arnaques, ses manipulations. On ne joue plus, on collectionne. On n’aime plus, on investit. Le pixel est mort, vive le plastique.

Une inflation à rendre fou un économiste

La hausse des prix dans le retrogaming, c’est une histoire d’absurdité assumée. En dix ans, certains jeux ont vu leur valeur multiplier par 10, 20, 30. Little Samson sur NES, jadis méconnu, s’arrache à plus de 2000 € en version FRA complète. Chrono Trigger en boîte ? Prévoyez une revente de rein. Même les daubes infâmes comme Action 52 se parent d’une aura quasi mystique parce qu’elles sont… rares. Et c’est bien là le mot‑clé : rareté. Peu importe la qualité. Peu importe le plaisir de jeu. C’est la quantité disponible qui dicte le prix, et non l’amour.

Les boutiques spécialisées ne s’y trompent pas. Certains ont plus de stock de coques en plastique transparentes et de stickers de reconditionnement que de jeux à vendre. Le “complet en boîte” est devenu le Graal. Un simple Duck Hunt loose ne vaut rien. Mais s’il a sa boîte, sa notice, son poly, son bon de garantie Nintendo France et une petite auréole de nostalgie subjective, là, on peut grimper à 80, voire 100 €. C’est de la folie douce, entretenue par des forums, des groupes Facebook, des influenceurs à casquette qui font grimper les cotes à coup de vidéos “TOP 10 JEUX NES À POSSÉDER ABSOLUMENT !!!”.

Quand les brocantes deviennent des foires aux pigeons

Fini le plaisir de chiner. Aujourd’hui, la moindre grand‑mère qui tombe sur un Tetris Game Boy dans son grenier le met en ligne à 50 € en citant Leboncoin. Les vide‑greniers sont infestés de petits malins qui te demandent 200 € pour un Zelda jauni et puant le grenier, parce qu’ils ont vu “une émission à la télé qui disait que ça vaut cher”. Spoiler : non, Mission Cobra sans notice ne vaut pas une blinde. Mais allez leur expliquer…

Et que dire des vendeurs pro ? Ceux qui mettent leurs jeux sous blister rigide dans des vitrines éclairées comme des bijouteries. Qui te vendent un Batman Return of the Joker à 900 € avec un air méprisant quand tu demandes s’ils font un prix. Le retrogaming est devenu un marché de luxe, et non plus une passion de bricoleurs nostalgiques.

Un monde à deux vitesses

Dans tout ça, il y a les joueurs — les vrais. Ceux qui veulent juste jouer, revivre une aventure, découvrir un classique. Et ils n’ont plus les moyens. Résultat : on télécharge, on pirate, on émule. Parce que l’original est devenu inaccessible. Le paradoxe est cruel : plus les prix montent, plus les gens se détournent du support original. On collectionne pour ne pas jouer, on joue sans collectionner. On a tué l’usage pour glorifier l’objet.

Et pourtant… malgré tout, on continue. Parce que tenir un jeu complet entre ses mains, c’est un frisson. Parce que découvrir un Power Blade en état mint, c’est comme retrouver un vieux pote d’enfance en costume. Parce que l’on s’attache à ces boîtes, à ces notices, à ces morceaux de carton moisis par le temps, porteurs de souvenirs trop puissants pour être raisonnables.

En guise de conclusion ? Il n’y en a pas.

Le marché continuera de grimper, puis chutera, puis remontera. Comme tous les marchés fondés sur l’émotion et la rareté. Les générations futures riront peut‑être de notre manie de mettre sous plastique des jeux qui ne valent intrinsèquement rien. Ou bien ils créeront des musées privés, comme des fétichistes du pixel. Et nous, dans tout ça ? On regardera nos vitrines, nos classeurs, nos étagères. On soupirera peut‑être. Mais au fond, on saura pourquoi on l’a fait. Pas pour l’argent. Pas toujours. Pour la mémoire. Et parce que c’est plus fort que nous.

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